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Impact du Covid-19 sur les PME du secteur agroalimentaire en Afrique Centrale

Impact du Covid-19 sur les PME du secteur agroalimentaire en Afrique Centrale

Depuis la première alerte lancée de Chine, dans la province de Hubei à Wuhan, en décembre 2019 la COVID-19 n’a cessé de s’étendre au reste du monde et notamment aux pays d’Afrique centrale. Le Cameroun déclarait officiellement son premier cas le 06/03/2020, le Gabon enregistrait le sien 13/03/2021, le 14 Mars le Congo, la République Centrafricaine et la Guinée Equatoriale enregistre les leurs tandis que le Tchad lui s’était le 19 mars 2020.

Cette situation de pandémie mondiale a bouleversé l’économie mondiale, le secteur agroalimentaire n’y a point échappé. La belle évolution que nous avons observée dans le secteur agroalimentaire en Afrique Centrale ses dernières années a pris un sérieux coup. En effet le secteur demeure assez dépendant des échanges avec les marchés extérieurs. Comme leurs homologues européens et chinois, les pays d’Afrique Centrale ont décidé de confiner afin de stopper la progression du virus. Tandis que certains pays de la zone optaient pour un confinement total, le Cameroun qui est la locomotive de cette sous-région lui optait pour un confinement partiel. Cette décision a permis d’éviter l’asphyxie complète de son économie mais n’a pas suffi à contrer les graves conséquences qui ont touché de plein fouet le secteur agroalimentaire. Une étude du Groupement Inter-patronal du Cameroun en 2020 affirmait que 96,6% des entreprises du pays avaient été impacté négativement par la pandémie.

La production agricole a été fortement impactée par les mesures prises en faveur de la lutte contre la propagation du virus. Ainsi, la fermeture des frontières, la stricte limitation des déplacements internes ont constitués un frein à la production d’environ 42% des actifs agricoles. Ces mesures ont entrainé d’autres part, une forte perturbation au niveau des approvisionnements en intrants, l’augmentation des pertes post récolte.  D’après un compte-rendu de la FAO, les pertes alimentaires en Afrique tournent autour de 50 %, alors qu’avant cette période les pertes étaient estimées entre 30 et 40%.

A titre d’exemple, près de 330 000 petits producteurs sont engagés dans la production de la tomate au Cameroun. Cette dernière est en grande partie vendue au Nigeria, qui demeure le plus gros consommateur malgré la fragilisation des échanges entre les deux pays du fait de Boko Haram et la crise anglophone. La Guinée Equatoriale et le Gabon en sont également de gros clients. La fermeture des frontières a interrompu les échanges et entrainée l’augmentation de l’offre de tomate sur le marché. Cela a eu pour conséquence une baisse des prix de plus de 1/3 du prix le plus bas les années antérieurs. Des milliers de producteurs ont été gravement touchés, certains ont laissé pourrir leurs récoltes, les plus chanceux ont tous perdu, les autres en plus croulent sous d’énormes dettes. Abandonné à eux même certains ont opté pour le suicide.

 

Le secteur de l’élevage, en particulier l’aviculture à également connu son lot de malheur. La fermeture des frontières avec les pays voisins a entrainé la saturation du marché, et la chute du prix de vente d’un œuf jusqu’à 40F pour un coup de production de près de 60 F. L’autre conséquence directe du confinement a été la raréfaction des poussins d’un jour et parentaux sur le marché. De plus une grande partie des intrants destinés aux professionnels de l’élevage (premix, antibiotique, vitamines, vaccins etc…)  également importé ont abondamment manqué. Le secteur piscicole très dépendant de l’importation d’aliment a également été affecté.

Les entrepreneurs de l’agroalimentaire n’ont guère été épargnés. La fermeture des frontières chinoises a entrainé de lourdes pertes au secteur. Des PME ont dû arrêter la production faute d’emballages majoritairement importé de Chine. On a à cet effet observé une grosse pénurie d’emballage Kraft, actuellement très prisé des PME du secteur agroalimentaire. Cette pénurie a entrainé une baisse de production et partant de là une augmentation des coûts de certaines denrées. La covid-19 a également eu un impact direct sur d’autres segments du secteur et notamment la filière restauration avec la fermeture des restaurants, bar et autres lieu de consommation.

D’après l’ingénieur agro-socio économiste Bonas Tsaffo « 4,8 millions de personnes sont menacées par l’insécurité alimentaire dans les dix régions du Cameroun, soit 700.000 ménages ». Afin de résoudre cette crise les gouvernements ont pris des mesures salutaires visant à atténuer les effets de la crise. Cependant on peut quand même questionner le fait que certaines de ces mesures s’attaquent plus aux conséquences qu’aux causes. Ainsi les gouvernements auraient pu inscrire le packaging et l’équipement industriel dans la liste des biens de première nécessité. Au Cameroun le gouvernement a opté pour l’importation massive de parentaux et poussin du Brésil car ce pays est encore relativement épargné par la grippe aviaire. N’aurait-il pas été judicieux d’encourager le développement local ou l’acquisition de grands parentaux afin de rendre le Cameroun moins dépendant des importations ?

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