Et si l’Afrique nourrissait la Chine ?
Avec une population aujourd’hui estimé à près de 1,4 milliard d’habitants, la Chine a plus que jamais besoin de nourriture. Aucun autre pays sur terre n’a importé autant d’aliment que la Chine, bien plus que 27 pays de l’UE réunis. La Chine importait pour 13 milliards de dollars de denrées alimentaire il y a vingt ans, ce montant est passé à 161 milliards de dollars en 2020. Malheureusement à peine 2,6 % de cette manne financière reviennent à l’Afrique. L’Afrique qui représente pas moins de 60% des terres arables non cultivés dans le monde pour sa part a une économie essentiellement adossée sur l’agriculture qui y est d’ailleurs le principal pourvoyeur d’emplois.
Lors de la huitième édition du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) à Dakar, son excellence Xi Jinping président de la Chine annonçait que : « Les relations entre la Chine et l’Afrique sont entrées dans un nouvel âge d’or. ». C’est dans la même veine que le 18 Août dernier Wang Yi, ministre chinois des Affaires étrangères avait annoncé que « la Chine renoncera aux 23 prêts sans intérêt pour 17 pays africains qui étaient arrivés à échéance à la fin de 2021 ».
Face à sa demande nationale de produit agricole de plus en plus forte la Chine, s’est résolument tourné vers l’Afrique. Le jeudi 1er septembre, la Chine a supprimé les droits de douane sur 98 % des produits importés de neuf pays d’Afrique (République centrafricaine, du Tchad, de Djibouti, de l’Erythrée, de la Guinée, du Mozambique, du Rwanda, du Soudan et du Togo). Lors d’un point de presse sur les mesures prises par la Chine afin d’améliorer la disponibilité de produit alimentaire, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères M. Wang Wenbin faisait cette remarque : « La Chine soutiendra et facilitera l’entrée davantage de produits agricoles et alimentaires africains de haute qualité et uniques sur le marché chinois ».
La chine importe principalement du continent africain l’arachide, du coton, le cacao, de l’hévéa, du manioc, bois et avocats. Alors que des voix s’élevent pour crier à l’accaparement des terres arables africaines, qu’on accuse la Chine de détourner pour elle-même le fruit de la croissance que sa demande agricole induit. La vérité est toute autre.
En effet de nombreux experts internationaux s’accordent à dire que ces accusations sont infondés. Jean-Jacques Gabas, chercheur au Centre de Coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) confiait lors d’un entretien accordé au journal Le Monde : « La Chine est loin d’être le premier investisseur (dans l’achat des terres en Afrique, Ndrl), elle est au 8è ou 9è rang […]. Les chinois accapareurs de terres c’est un mythe ». Fred Gale, économiste en chef au Service de recherche de l’USDA explique à nos confrères d’Agence Ecofin : « La réalité est que les acquisitions foncières ne sont pas aussi immenses que l’attention qui leur est consacrée. Les investigations sur le terrain montrent que les projets concernés n’ont jamais été lancés ou que la taille des acquisitions a été exagérée ».
Le président chinois a promis de porter les importations chinoises en provenance d’Afrique à 300 milliards de dollars au total au cours des trois prochaines années, et à 300 milliards de dollars par an d’ici 2035. Afin de rendre cela possible, Pékin travail à l’ouverture de « voies vertes » rendant prioritaire en Chine l’inspection des produits agricoles en provenance d’Afrique. D’autres parts les produits agricoles provenant du même pays, ayant été obtenus via l’utilisation des technologies de transformation similaires, ou pour les mêmes produits agricoles mais provenant de pays différents subiront des évaluations de risques combinés sur la base de risques contrôlables. Pour finir la Chine adoptera des méthodes souples afin de faciliter l’enregistrement des entreprises africaines ayant été agréées pour l’importation de produits agricoles vers la Chine.
Traditionnellement le Kenya exporte en moyenne 80.000 tonnes d’avocats par an principalement à destination des pays de l’Union européenne et du Moyen-Orient. M. Benjamin Tito qui est le directeur du Directoire des cultures horticoles déclare qu’en Juillet le Kenya avait exporté 11,2 millions de kilogrammes d’avocat, engrangeant ainsi 1,5 milliard de shillings (12,6 millions de dollars) de recettes.
Voir aussi le plan du Kenya pour améliorer sa production d’avocats
Ceci représente une formidable opportunité pour le secteur agricole et agroalimentaire d’Afrique Centrale. Le Cameroun pourrait notamment mieux se positionner avec son cacao, sa banane, son plantain, ses ignames, son poivre (Penja et Ndikinemeki), les avocats de Mbouda et son Kilichi. Le Tchad pourrait lui mettre en avant ses mangues séchées, son coton, gomme arabique et du bétail.